A l'echelle de notre corps

 

    Le sommeil, et plus particulièrement la période du rêve, c'est à dire le sommeil paradoxal, se distingue du coma par la conservation des réceptions sensitives. En effet, chaque partie du corps vit le rêve "à sa manière", différemment.

 

  •  Yeux : Alors que pendant le reste du sommeil, les yeux sont immobiles (ou en mouvements pendulaires très lents), on observe que pendant la phase du rêve, ils sont animés de mouvements (horizontaux et verticaux) très rapides. Cette activité est due aux gestes et aux émotions ressentis lors du rêve, et sa vitesse s'explique par la rapidité des images envoyées par le cortex. Une partie du circuit visuel est donc stimulée, mais sans vision pour autant. De plus, il est possible qu'il y ait des "dilatations fugitives" des pupilles durant le rêve, alors qu'elles sont, pendant le reste du sommeil, toujours en myosis. Ces MOR (Mouvement Oculaires Rapides en français ou REM pour Rapid Eyes Movement en anglais) contrastent avec l'état de catalepsie du tonus musculaire, et justifient le nom de "sommeil paradoxal".

 

  •  Muscles (et reflexes tendineux) : La connexion entre le cerveau et les muscles est coupée. Le processus d'«éveil involontaire» (rêve) est activé par des systèmes qui, bloqués au niveau de la moelle épinière, bloquent les nerfs, ne pouvant donc pas parvenir jusqu'aux muscles. Cela empêche au dormeur de "vivre ses rêves". Ce phénomène est particulièrement remarquable sur un individu endormi assis. C'est quand il atteindra le sommeil paradoxal que sa tête tombera, ce qui le réveillera sûrement (ou sur un chat qui, au départ en position de sphinx, sous l'effet de son propre poids et en l'absence de tonus musculaire au moment du sommeil REM, "tombera ou s'allongera"). C'est également grâce à cette propriété du sommeil paradoxal qu'on sait que le somnambulisme n'apparait pas au cours du rêve, étant donné qu'il y a conservation du tonus musculaire. Au contraire, la narcolepsie (ou la maladie de Gélineau) est un trouble où la personne peut s'endormir à des moments et des endroits peu propices et improbables. L'individu rentre alors presque directement en phase de sommeil paradoxal, alors qu'il ne survient en temps normal qu'au bout d'environ quatre-vingt-dix minutes de sommeil.

 

  •   Activité Ponto-Géniculo-Occipitales (PGO): L'activité PGO est caractéristique du sommeil des animaux. Les ondes PGO sont générées dans la région réticulaire (autour du pédoncule cérébelleux supérieur et sous le locus coeruleus). Ce mécanisme est responsable des mouvements oculaires. : pics d'activité EEG au niveau du pont, du noyau géniculé latéral et du cortex visuel.

  •  Respiration & tension: La respiration, lente durant le sommeil, devient irrégulière lors du sommeil paradoxal. De même pour le rythme cardiaque qui subit des variations brusques d'accélération ou de ralentissement. Ces deux facteurs sont également dus au contenu onirique. Cependant, certains troubles respiratoires peuvent être dangereux. Les apnées du sommeil, par exemple, sont un trouble où l'individu a, durant son sommeil, des pauses respiratoires (parfois longues, allant jusqu'à plus de dix secondes!). C'est aussi probablement la cause de nombreuses morts subites chez les nourrissons.

 

  •  Pénis (et équivalent pour la femme): Pendant le sommeil, le pénis est flasque. Or, lors du sommeil paradoxal il peut se trouver en érection. D'après les scientifiques, ce phénomène est dû aux ressentis du vécu des rêves, qu'importe l'âge. Pour autant, ce mécanisme reste, encore aujourd'hui, inexpliqué.

 

 

 

 

Ce graphique montre bien le contraste aux niveaux oculaire et musculaire entre le sommeil (ici, stade III) et le rêve (sommeil paradoxal). On voit que durant le sommeil lent, les mouvements oculaires sont rares et de faibles amplitudes, alors que durant le sommeil REM, les yeux bougent beaucoup. On observe également que l'activité musculaire est intense pendant la première phase, et qu'elle devient presque inexistante lors du rêve. On peut donc conclure qu'il s'agit là de l'état de paralysie musculaire, caractéristique du sommeil paradoxal.